Maman solo: la solitude des femmes

Maman solo, moi, seule et vulnérable
La solitude des femmes 

La monoparentalité impacte la vie des mères et des enfants dont elles ont la charge. Le Pôle de recherche national LIVES (UNIL) en a mesuré les conséquences dans une étude récente.

Une séparation, un divorce affectent durablement les habitudes de tous les membres d’une famille. De l’aspect affectif au compte en banque, celui  – ou plutôt celle dans la plupart des cas – qui continue d’élever les enfants en « solo » est particulièrement exposé. C’est pour évaluer ces incidences et pour savoir comment est vécue la situation que Lives, le seul pôle de recherche national dans le domaine des sciences sociales, a interrogé entre 2012 et 2014 des parents isolés sur Vaud et Genève. « Ce sont les régions les plus urbanisées de Suisse romande, observe Ornella Larenza, chercheuse à la Supsi* et dont la thèse au sein de LIVES portait en 2019, sur les politiques sociales concernant les parents seuls. Il était beaucoup plus significatif d’étudier ces cantons, car la monoparentalité se passe surtout dans les villes. » Le projet consistait à mener plusieurs entretiens avec 40 parents seuls – 33 en fin d’étude – et de comprendre leur évolution au fil du temps. A noter que l’échantillon était composé au départ de 38 femmes et de 2 hommes. « Rien d’étonnant, estime Mme Larenza. Les juges confient majoritairement la garde des enfants aux mères. » Ce constat fait, il y a une très grande diversité dans la façon de traverser cette épreuve assez compliquée.

Arrangements et enjeux

Pour l’étude Lives, un parent seul se définit comme celui ou celle qui a la garde totale des enfants. C’est la notion de parent gardien élevant exclusivement ses enfants même si l’autre parent a un droit de visite. Dans ce cas-là, les enjeux et les difficultés sont multiples. « La monoparentalité implique des changements qui peuvent être facteurs de vulnérabilité, analyse Mme Larenza. La précarité économique, le stress, la fragilité mentale, les problèmes de santé en font partie. » Un emploi et les ressources financières qui en découlent restent essentiels pour faire face aux contingences matérielles, mais d’autres critères sont à prendre en compte. « Si le système de garde des enfants n’est pas adapté, qu’il manque des places ou que le coût est trop élevé, cela pose problème, souligne Mme Larenza. Dans ce contexte, on s’aperçoit aussi de la faiblesse des politiques sociale et familiale. » Quand l’ex-conjoint prend régulièrement les enfants, verse sans heurt la pension alimentaire, on a plus de chances d’échapper à un épisode dépressif. L’entourage familial, amical joue aussi un grand rôle dans le quotidien des familles monoparentales. En termes d’organisation, des grands-parents soutenants et présents garderont de temps en temps leurs petits-enfants et soulageront ainsi  la maman seule. D’autres grands-parents ne seront pas sollicités, car jugés trop âgés ou susceptibles d’interférer dans l’éducation. En fonction des moyens sur lesquels on s’appuie, la monoparentalité est plus ou moins bien vécue.

Nouvel équilibre

L’expérience de la rupture et de la monoparentalité qui s’ensuit est propre à chacun·e. « Pour une femme qui a subi des violences conjugales, la séparation est une libération, relève Mme Larenza. Les situations vont de l’extrême détresse à l’acceptation assumée de son nouveau statut. » Moins stigmatisés que par le passé, les parents solo ne se cachent plus. Les veuves et les jeunes mères célibataires ne constituent plus cette forme familiale montrée du doigt. « En Suisse, nous avons un taux élevé de divorce, note Mme Larenza. La monoparentalité est considérée dorénavant comme une transition, un moment dans une trajectoire de vie. » Pour les personnes observées lors de l’enquête, il y a donc une vie après et toutes ont des projets pour la suite. Là aussi, les attentes dépendent de chaque histoire individuelle. « Il y en a qui aspirent à se remettre en couple, refonder une famille avec des enfants en commun, remarque Mme Larenza. D’autres pour qui vivre avec quelqu’un n’est plus envisagé ou bien qui souhaitent avoir une vie de couple sans que cela n’empiète sur la vie de famille et les enfants. » Trouver un nouveau partenaire qui accepte de prendre le « package » mère-enfants, cohabiter sous le même toit, former une famille recomposée, certaines le cherchent quand d’autres ne veulent pas en entendre parler. Les motivations sont diverses et variées, car la monoparentalité touche beaucoup de femmes au profil différent dans toutes les couches sociales de la société. Un présent fragilisé conditionne les désirs d’avenir. Pour réussir et s’épanouir dans sa nouvelle vie, il faut cocher un maximum de cases : travail, vie sociale, temps pour soi et pour sa famille.

François Jeand’Heur


*Université professionnelle de la Suisse italienne, Lugano

Commentaires





Lisa
08.10.2020 16:23

Bonjour , j'ai bien aimé cette article. Moi même resté seule avec mon fils j'ai retrouvé l'amour grâce au virtuel. Oui, oui je sais, on n'aime pas ça, mais ça marche de fois. Si je peux me permettre, sur parent solo point ch j'ai retrouvé l'amour et j'en suis tellement heureuse que je le connais à mon entourage. Il y a en a tellement qui souffre de solitude.. et quoi de mieux pour nos enfant? Revoir sa maman ou papa à nouveau sourire..
SArah
16.09.2020 09:40

"Maman solo, moi, seule et vulnérable
La solitude des femmes
La monoparentalité impacte la vie des mères et des enfants dont elles ont la charge." J'aimerais une explications pour ces propos discriminatoire et sexiste
...

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