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Suivi du couple lors d'une PMA - Procréation médicalement assistée

Le couple face à la PMA

La PMA et le soutien psychologique

Quand elles ne peuvent pas avoir d’enfant, de nombreuses femmes entament un traitement médical. Commence alors un long parcours où il est essentiel que les conjoints restent soudés.

Les vents contraires de l’infertilité mettent à mal les relations, provoquent questionnements et remise en cause.

« Le désir d’enfant n’est pas un désir comme les autres, constate Francesco Bianchi-Demicheli, médecin adjoint agrégé, responsable de la consultation de gynécologie psychosomatique et médecine sexuelle aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) qui accompagne de nombreux couples dans leurs parcours de fertilité. C’est quelque chose de profond, de vital dans la vie d’un individu et du couple. »

Cette unité accompagne les couples à Genève avec une approche globale qui donne une large place au soutien psychologique. Le ciel semble alors leur tomber sur la tête. Pourquoi ça nous arrive à nous ? Que vont penser les autres, les amis, la famille ?

Car devenir parent n’est pas qu’une envie personnelle, c’est aussi un marqueur social, un signe de normalité, l’idée de participer à la survie d’un nom, d’une lignée. « C’est tellement con d’avoir un bébé et tellement complexe quand on n’y arrive pas, résume Jacqueline Comte, coach en désir d’enfant, à Commugny. Un tel choc peut déboucher sur une crise existentielle, une dépression. »

Des études attestent du niveau très élevé de stress et de souffrance lié à l’impossibilité de procréer. Certains se tournent vers l'adoption, d'autres se lancent sur la voie de la technologie moderne.

La stimulation ovarienne, l’injection d’hormones, l'insémination artificielle, la fécondation in vitro (FIV) sont quelques-unes des techniques de la procréation médicalement assistée. « La prise en charge médicale de la PMA a un volet psychologique fondamental, ajoute M. Bianchi-Demicheli. Car même en cas de succès et la venue d’un enfant, certains couples ne fonctionnent plus et c‘est le début de la fin. » A l’inverse, ce qui ne tue pas rend plus fort et les difficultés peuvent resserrer les liens.

Comment accompagner les couples suivant une PMA? 

Le principe du coaching est d’agir sur le présent et c’est ce que s’efforce de faire Jacqueline Comte à son cabinet Espace fertile. « Les femmes qui viennent me voir sont submergées par un tourbillon émotionnel, elles vont mal dans leur corps et dans leur tête. Le but est de les remettre sur les rails, de leur donner des outils qui les guideront à travers toutes les décisions à prendre. » Exercices de visualisation, massages de fertilité concourent à retrouver harmonie et énergie, à prendre du recul sur tous les aspects de leur vie, notamment sur leur couple.

Au moment du diagnostic, il est parfois difficile de se retenir et de ne pas rendre responsable l’autre de la situation. « Certains patients ne disent d’ailleurs pas qui est responsable, mais qui est coupable, appuie M. Bianchi-Demicheli. Si vous ajoutez à cela, un long traitement à supporter pour la femme, des rapports sexuels programmés où l’homme se sent plus reproducteur qu’amant, il faut pour les accompagner, un spécialiste au fait de tous les tenants et aboutissants médicaux et psychologiques. »

Culpabilité, honte, atteinte à la virilité sont autant de sentiments négatifs, de risques de déflagration pouvant faire voler en éclats le plus solide des ménages.

En Suisse, 10 à 15% des couples ont des problèmes d’infertilité. Plus de 6000 d’entre eux ont recours à la PMA et ainsi naissent chaque année environ 2000 bébés. « Accepter le process médical ne veut pas dire le subir, explique Mme Comte. En étant proactives, détendues, positives et en ayant quelqu’un à qui parler, les femmes – mais aussi les hommes –, améliorent leurs chances de succès. »

Grâce aux progrès de la science, le taux de réussite augmente et 44% des traitements aboutissaient à une grossesse en 2017. Cela ne marche donc pas à tous les coups et la nature réserve son verdict auquel les couples doivent se préparer ensemble.

François Jeand’Heur

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