L’étudiant ne se nourrit pas que de savoirs et a aussi besoin de se loger, de s’habiller. L'étudiant a besoin de l'aide financière de ses parents pour pouvoir étudier de façon sereine. Les trois-quarts des étudiants ont une activité rémunérée pendant l’année scolaire pour parvenir à équilibrer leur budget.
Avant de décrocher son diplôme et de voler de ses propres ailes, le jeune s’appuie encore sur ses parents. D'après la dernière étude suisse (2020) 41% des étudiants vivent chez leurs parents. Qu’il continue de loger chez eux ou pas, leur contribution représente plus de la moitié des ressources et assurent donc l’essentiel des frais comme la nourriture, l’habillement, les transports. La moyenne des dépenses mensuelles est estimée à 1210 francs pour ceux qui logent chez leurs parents contre 1870 francs pour ceux qui ont un logement indépendant. Pour faire face à ces charges, près de 8 étudiants sur 10 exercent un job en dehors des cours.
Il n’y plus de saison pour travailler dans un fast-food, un centre d’appel ou dans les assurances. Ces jobs d’été se pratiquent désormais durant toute l’année pour la grande majorité des étudiants. Mais là, les situations diffèrent, certains se contentent de quelques heures quand d’autres cumulent plusieurs petits boulots. Il n’y a pas de règle mais un trop grand nombre d’heures peut nuire au bon déroulement du cursus. Une étude de l’université de Genève a démontré qu’au-delà de quinze heures par semaine, le surmenage n’est pas loin. Augmentation du temps des études, dégradation du bien-être, difficultés d’intégration sociale sont autant d’impacts négatifs sur la scolarité. En cumulant études et activité rémunérée, plus de la moitié des étudiants ont une semaine comprise entre 36 et 55 heures. Mais pour la plupart, la question ne se pose pas en ces termes car il s’agit de survie et non pas de confort. Pour un petit pourcentage, une bourse ou un prêt est un recours vital pour boucler leur budget.
Hautes écoles universitaires ou spécialisées, l’octroi d’une bourse est un sésame pour beaucoup de jeunes. Sans subsides de l’état, un bon nombre ne pourrait pas suivre de formation ou très difficilement. Ce ballon d’oxygène financier change la donne, il représente 38% des ressources d’un jeune n’habitant pas chez ses parents, et 29% s’il est encore à la maison. Seulement 8% des étudiants ont bénéficié d'une bourse d'études ou d'un prêt pour financer leur formation en 2012. Les chiffres de l’Office fédéral de la statistique (OFS) comptabilisent près de 48000 étudiants sur 627000 au total ayant obtenu une aide cantonale. Depuis 1990, alors que le nombre d'étudiants a bondi de 42%, le nombre de boursiers a reculé dans le même temps de 10%. Quant à un prêt auprès d’un établissement bancaire, ils ne sont que 0,5% à y avoir recours. Pour l'Union des étudiants de Suisse (UNES), il y a aussi urgence à harmoniser l’attribution des bourses sur tout le territoire suisse.
En moyenne, le montant alloué atteint 6483 francs pour les boursiers et 4955 francs pour les bénéficiaires d'un prêt. Dans son rapport « Bourses et prêts d’études cantonaux 2020 », l’OFS souligne que 385 millions de francs ont été versés par les cantons, soit 1% des dépenses publiques d'éducation.
La presque totalité a été versée sous la forme de bourse (94%).
Pourtant il existe aussi d'importantes disparités d’un canton à l’autre. Et même si un important processus d’harmonisation a été mis en place avec le concordat sur les bourses d’études, il reste encore de grosses différences. Quand un étudiant Genevois perçoit 9858 francs en moyenne, un étudiant neuchâtelois lui, ne percevra que 5722 francs. Le coût de la vie entre Genève et Neuchâtel est-il si différent?
La formation est un enjeu d’avenir majeur et les jeunes sont toujours plus nombreux à suivre des études. Il leur faudra continuer à compter sur leurs parents mais aussi sur eux-mêmes. Trouver un travail d’appoint devient une nécessité pour financer des études qui coûtent forcément cher.
François Jeand’Heur
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