Même si les relations affectives dès le plus jeune âge, nous conditionnent en partie, l’enfant puis l’adulte que nous devenons est en perpétuelle transformation. «Tout part de la valorisation des parents, de la famille, de l’école, analyse Pascale Roux, psychologue, coach pour adolescents. C’est ce qui donne à l’enfant l’énergie d’oser des expériences et de prendre confiance en lui».
A l’inverse, le rejet, le sentiment de ne pas appartenir à une communauté peut être destructeur pour le jeune. Cercle vertueux ou vicieux, cette bonne estime de soi fluctue, mais ne se reflète pas toujours à l’extérieur, bien au contraire.
«Plus il est en confiance, moins un ado va avoir d’ego, une image hyper valorisée de lui. S’il est bien dans ses baskets, il n’aura pas besoin de "se la péter"», décrypte Pascale Roux.
Entre choix d’avenir, affirmation de soi, attente des autres, l’adolescence est un carrefour encombré de décisions importantes à prendre.
«L’estime de soi, c’est être sûr de ses choix et résister à une certaine forme d’influence», note Marion Forel, cheffe de projet prévention à Addiction Suisse. A un stade où l’ado se compare, s’évalue et cherche à plaire, il joue sur son aspect physique, sa popularité. «Mes copines veulent que je fume, je me sens rejetée», «Quand je sors avec mes amis, tout le monde boit de l’alcool. Je n'aime pas trop ça, mais je veux être comme les autres…Comment faire?».
Ces quelques témoignages sur ciao.ch montrent à quel point il est important à l’adolescence d’exister aux yeux des autres. Boire pour se sentir fort, fumer pour avoir l’air d’un grand, ce qui compte c’est être accepté par ses pairs. Une bonne confiance en soi permettra à la grande majorité d’éviter les écueils d’un âge où l’on expérimente, on teste ses limites, on défie les normes. Un jeune équilibré, stable, saura exister au sein de sa tribu, se faire respecter même s’il n’en partage pas tous les codes. Pour d’autres plus fragiles, plus influençables, un comportement à risque peut déboucher sur une addiction. «Cigarette ou alcool, on commence toujours pour une raison précise, soulager un mal-être, faire partie d’un groupe», observe Marion Forel. Devant certaines mauvaises habitudes qui les rendent «imbuvables», les parents doivent se montrer patients et bienveillants. Derrière leurs grands airs, les ados sont en construction et avoir des repères solides les guide.
A l’école, à la maison, les profs, les parents doivent s’adapter aux excès, aux provocations ou alors à l’inverse à une totale indifférence. Et bien souvent, les jeunes ont l’impression de n’être jugés que sur leurs notes. «L’important est de ne pas cesser de valoriser l’ado que ce soit pour une chambre rangée, une note tout juste passable», recommande Mme Roux.
Si les parents doivent encourager, ils le feront différemment en fonction de l’âge.
A 13-14 ans, ils peuvent encore pousser, obliger leurs enfants mais entre 16 et 18 ans, ils joueront davantage le rôle de miroir, dans un esprit collaboratif. L’étape suivante sera l’autovalorisation. «Pour ceux qui ont confiance en eux, que ce soit pour un match de foot ou un examen, la mécanique est la même, relève Pascale Roux. Elle consiste à se dire, je suis à ma place, j’aime ce que je fais et je suis super bon». De ce comportement positif, découle la force et l’énergie d’agir.
Quant aux parents qui se demandent quand leurs ados arrêteront de se regarder le nombril, ce jour-là arrivera quand ils en découvriront un autre qui les intéressera plus encore…
François Jeand’Heur
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